La croissance sera inférieure aux prévisions de Bercy
Et si Thierry Breton se décidait enfin à « parler vrai » aux Français ? demandez-le lui.
Les chiffres sont durs, mais ce sont les chiffres ! Celui de la croissance française en 2006 est, comme d’habitude, inférieur aux attentes du gouvernement. On se souvient que Thierry Breton, prenant le contre-pied de la majorité des experts, avait annoncé, en présentant le projet de loi de finances 2006, une progression comprise entre 2 et 2,5 %.
Finalement, elle atteint tout juste – « péniblement », note le Figaro – 2 %, ce qui permet au ministre de l’Economie de se consoler en soulignant que ce chiffre se situe dans la fourchette prévue.
Voire ! On ne peut douter, en effet, que les services de Bercy aient épuisé les moyens de tirer les statistiques vers le haut. Or, il ne s’agit encore que d’une estimation… Tout laisse penser qu’en réalité, nous serons au dessous.
Ce mauvais résultat appelle trois remarques.
• En premier lieu, il place la France à la queue de l’Europe. En effet, le taux de croissance s’élève à 2,9 % pour l’ensemble de l’Union européenne (3,8 % en Espagne, 2,7 % en Allemagne, par exemple…)
• Deuxièmement, il était prévisible, puisque les experts de la Commission économique de la nation l’avaient annoncé dès le mois de mars dernier.
• Troisièmement : cette faible progression du PIB réduira les rentrées fiscales, que le gouvernement surestime traditionnellement pour minorer le déficit budgétaire dans le projet de loi de finances.
Le truc a beau être éculé, les ministres de l’Economie, quelle que soit la couleur du gouvernement en place, y recourent toujours :
Année budgétaire | Taux de croissance prévu | Taux réel constaté |
2002 – gouv. Jospin | 2,5 % | 1,1 % |
2003 – gouv. Raffarin | 2,5 % | 1,1 % |
2004 – gouv. Raffarin | 1,7 % | 2 % |
2005 – gouv. Raffarin | 2,5 % | 1,2 % |
2006 – gouv. Villepin | 2 à 2,5 % | 2 % (estimation) |
Ainsi, Thierry Breton a une fois de plus maintenu les mêmes prévisions de croissance (entre 2 et 2,5 % du PIB) dans le projet de loi de Finances 2007, alors que l’activité de la zone euro devrait être plus faible en 2007 qu’en 2006.
A continuer de majorer les recettes pour éviter de tailler dans les dépenses, le gouvernement se condamne à creuser le déficit, que les contribuables seront, tôt ou tard, appelés à combler.
Est-il possible de faire des prévisions fiables quand la demande internationale est fluctuante et lorsque nos produits sont sur des marchés concurrentiels.
Quel est l’impact du déficit du budget de l’état sur le taux de croissance ?
Cela fait des années et des années qu’on nous annonce un taux prévisionnel de croissance exagérément optimiste, qui finit par devenir à la longue irrévérencieux à l’égard de tous les citoyens et contribuables français. Personne n’y croit et nous ne sommes pas dupes de vos artifices comptables.
Au vu des années passées et de « l’état actuel de notre économie », qu’on s’en tienne à 1 à 1,5 % de croissance annuelle.