Privatiser l’assurance maladie : est-ce possible?
Le total des dépenses de santé aura représenté en France environ 200 milliards d’euros en 2016, soit environ 12% du PIB, chiffre qui classe notre pays dans le peloton de tête mondial (lui-même bien loin derrière les Etats-Unis).
D’où vient l’argent ? Pour les trois quarts de la Sécurité sociale, pour 9 % de la poche des assurés et pour le reste d’assurances complémentaires, souscrites soit obligatoirement (mutuelles) soit volontairement (compagnies d’assurance).
A entendre certains, la Sécurité Sociale devrait avoir le monopole complet de l’assurance-maladie (Mélenchon). D’autres trouvent que le financement « privé » des mutuelles (7% du total des
dépenses) occupe encore trop de place : il faudrait nationaliser les mutuelles (Montebourg) ou les mettre sous contrôle plus étroit de l’Etat (Hamon) ou créer une agence de régulation (Valls).
D’autre part, si le choix d’une mutuelle a été libre jusqu’au 1er janvier 2016, tout salarié doit désormais adhérer à la mutuelle de son entreprise, qui a elle-même obligation de proposer
une mutuelle. Le salarié doit résilier les contrats individuels qu’il avait pu passer auparavant avec une mutuelle de son choix.
Le seul degré de liberté qui demeure est un contrat passé avec une société d’assurance ou un organisme de prévoyance, ce qui représentait environ 7 % des dépenses de santé en 2016.
C’est dire que l’idéologie collectiviste et centralisatrice a prévalu et que la mutualité elle-même, qui n’est pourtant pas un système privé capitaliste, est appelée à disparaître.
La « casse sociale » annoncée
La campagne électorale a permis de relancer le débat puisque le monopole de la Sécurité sociale, renforcé par le contrôle des mutuelles, a été mis en cause à partir d’un principe général : réserver
le financement public à une partie des dépenses de santé, celles qui concernent les interventions lourdes, les affections de longue durée et les handicaps définitifs, et laisser l’autre partie à la
logique assurancielle, qu’il s’agisse de mutuelles ou de compagnies privées.
L’intervention publique serait subsidiaire. Suivant la lecture donnée des propositions avancées par François Fillon, la «privatisation» s’entendrait soit d’une régulation des mutuelles (ce qui reviendrait à adopter les propositions de Valls ou d’Hamon), soit d’une large ouverture aux assureurs privés soumis à la loi du marché.
Parallèlement, le caractère libéral des professions de santé serait restauré, sans doute avec la libéralisation partielle ou totale des honoraires et la suppression des numerus clausus. De toute façon,on est bien loin de la « casse sociale » dénoncée puisqu’en aucun cas il ne serait question de limiter l’intervention publique aux seules situations extrêmes.
Privatisation et concurrence à l’œuvre
Il y a pourtant des pays, comme la Nouvelle Zélande, où la santé est affaire purement privée et marchande. Dans ce pays, seuls 5 % du financement sont fournis par le budget de l’Etat, pour venir en aide à des personnes sans ressource ou sans assurance valide.
Dans beaucoup de pays, comme l’Allemagne ou la Suisse, le choix est possible entre assurance privée et publique pour les personnes qui ont un certain niveau de revenu (et qui peuvent donc assumer une dépense importante sur leurs propres deniers).
Enfin, les Etats-Unis avaient un système d’assurance maladie libre (ce qui n’excluait pas les mutuelles ou les assurances souscrites par les entreprises ni une couverture publique pour les personnes âgées ou sans ressources).
Mais la réforme Obama a obligé les Américains à prendre une assurance publique, tout de suite en faillite !
Bref, il n’y a rien de scandaleux à introduire dans le domaine de la santé les principes marchands, à condition qu’un « filet social » financé par la solidarité (c’est-à-dire l’impôt) soit prévu.
On observe aussi que la solidarité spontanée, dans le cadre de la famille, des associations caritatives et des clubs service, se développe avec efficacité quand la solidarité publique obligatoire diminue.
Au minimum, la coexistence d’assurances publiques et privées a partout l’avantage d’améliorer la qualité de l’accueil et des soins, notamment hospitaliers, et de diminuer les coûts (en France, ils sont doubles dans les hôpitaux publics).
Quant à la dimension humaine de la santé, elle s’exprime sans doute mieux dans les relations personnelles entre patients et professionnels de santé animés
par la vocation qu’entre assujettis et administrations.
Dans le domaine de l’assurance maladie comme ailleurs, la concurrence, la décentralisation et la liberté produisent leurs effets bénéfiques.
La Nouvelle lettre, n°1305 du 24 janvier 2017
Exposé à charge uniquement… »d’où vient l’argent ?…de nos poches » (aux armes!) mais pas le rappel de: ou va l’argent? dans nos poches aussi, et si le système est déficitaire, c’est que nous recevons plus que nous donnons. non?
Ensuite, « vive le système privée » Suisse, Américain. Ayant Vécu 3 ans aux USA et travaillant en Suisse, je ne peux que vous confirmer qu’un système d’assurance privée à comme objectif, comme n’importe quel business, de générer du bénéfice et assurera votre santé comme elle assure votre voiture: tout va bien si vous avez un gros portefeuille et peu d’ennui de santé. C’est à vous de voir si vous voulez que votre santé soit un objet marchand ou un objectif sociétal.
Puisque l’aspect purement financier est probablement moteur sur un site qui identifie les personnes comme des contribuables, alors réfléchissez bien QUI (à l’échelle d’une société), au bout du compte bénéficie le plus d’un système solidaire public ou privé.
Vous oubliez un détail: les cotisations payent les remboursements, et les frais de fonctionnement internes aux organismes de sécurité sociale.( Dans les situations de monopole ces frais internes peuvent devenir tellement importants qu’ils conduisent à la mort du système).
Vous avez raison de renâcler sur une marchandisation totale de la santé, mais c’est se fermer les yeux que de prétendre qu’en France les dépassements d’honoraires n’existent pas, et qu’il vaut mieux être riche quand il faut se faire opérer. Comme quoi l’étatisation totale n’est pas une solution à ces problèmes.
Au départ la SS n’était elle pas créée par les travailleurs et les entreprises, l’état voulant y mettre son nez pour les brassées de billets que cela représentait s’est fourvoyé dans son objectif et n’a pu se servir comme il l’entendait concourant à la perte de l’organisme…
Je ne sais pas si votre vision historique est conforme à la réalité; ce qui est sûr est que j’ai longtemps cotisé à une mutuelle gérée par la CGT. La comptabilité de cette mutuelle n’était pas distincte de celle du comité d’entreprise, et il fallait la renflouer tous les ans.
Quand enfin l’état a imposé une comptabilité séparée, le syndicat a refilé la mutuelle à la CNAM: L’acquis social indispensable avait perdu tout intérêt!
Bonne campagne électorale à tous…..!
Magouille et corruption, les deux mamelles de la « crise » de la « dépense publique » et autant de crimes contre le peuple.
http://www.associationmieuxvivredanslatransparence.fr – Bernard ALGHISI
Ce discours ne me plait pas, encore une fois!
Ramener le problème à une opposition public contre privé, parler de la concurrence comme si celle ci ne pouvait exister qu’entre organisations privées, c’est s’engager dans une guerre de religion aussi stupide que sont toutes les guerres au nom de Dieu.
Il y a au départ une anomalie d’organisation avec un état qui se veut assureur (CNAM), fournisseur de soins (hôpitaux publics) et bien sûr organisateur du tout . Ca ne peut pas fonctionner: comment l’état pourrait il obtenir le meilleur de tout ce petit monde aux intérêts et demandes contradictoires, surtout chez nous où toute comparaison chiffrée est une agression intolérable pour les représentants des divers personnels.
Sans doute pour noyer le poisson, l’assureur étatique ne rembourse plus que partiellement, des mutuelles se chargeant de rembourser un complément totalement normalisé, sans aucun pouvoir sur les parcours de soins. Où est l’avantage réel en dehors de la diminution des cotisations à verser à la CNAM?
Si, il y a un avantage important : cette situation permet de dire que les mutuelles (conquête sociale pas si vieille !) sont ruineuses, à coup de comparaisons biaisées sur les frais de gestion (ces frais dépendent peu des sommes remboursées par dossier, il suffit donc de noyer un organisme sous une marée de petits dossiers pour que ses frais de gestion en % explosent, par exemple couper en deux le remboursement de la visite du médecin de ville est bien efficace!) . En réalité, nous dit l’iFRAP, la dépense globale de gestion des mutuelles est un peu plus faible que celle de la CNAM!
La vérité est que les assureurs ont intérêt à ce que le parcours de soins pour chaque maladie soit le plus efficace possible, il faut donc leur laisser la liberté de promouvoir les parcours de santé les plus efficaces : on cessera de faire des examens inutiles ,redondants,….et je suis sûr que le dossier médical ,impossible à mettre en place, deviendra réalité.
Et pour les hôpitaux on peut faire la même chose: donner un peu de souplesse et d’autonomie, et cesser de brimer les cliniques privées qui contrairement au discours officiel ne font pas que de la bobologie, loin de là.
Il faudrait que l’état prenne un peu de hauteur, on n’en prend pas le chemin!
je vous suggère d’aller voir le film « maman a tort » pour voir comme les assurances privées gèrent les remboursements qu’elles doivent aux assurés, en « découvrant », avec la complicité de médecins véreux, des maladies que l’assuré aurait caché lors de la signature du contrat; je vous rassure, elles choisissent soigneusement leurs « victimes » : les gens aux revenus modestes, immigrés, vieux ou femmes seuls (vous n’êtes pas de ces gens-là)
Je trouve par ailleurs odieux que vous critiquiez la générosité du projet de OBAMA pour permettre à la majorité des américians de pouvoir se soigner, y compris les gens pauvrees, y compris les gens atterints de maldies à thérapie lourde que les assurances privées refusent de prendre en charge.
La sécurité sociale a des défauts, certe, mais elle permet à chacun de pouvoir être soigné : vous, visiblement, vous seriez d’accord pour qu’on laisse crever les pauvres dans leur coin.
Quant au trou récurent de la sécurité sociale, il dépend beaucoup de la façon dont on fait les comptes et à quel moment on les faits; il est surtout un prétexte, pour les politiciens, pour accentuer leur racket sur les citoyens lambda