Les impôts locaux explosent
Le journal « Les Échos » a publié son enquête annuelle sur la gestion financière des villes. Verdict : les impôts locaux flambent. Les plans de relance y sont pour quelque chose, contredisant la promesse des politiques assurant que la relance ne serait pas payée par le contribuable.
La feuille d’impôts 2009 des ménages pèsera 5,1 % plus lourd que l’an passé, selon la moyenne établie par Les Échos dans les 40 plus grandes villes de France. Une moyenne calculée à partir des taux des taxes foncière et d’habitation, qui ont été votés en ce début d’année. « C’est la plus forte augmentation depuis au moins 10 ans, commente le journal, [à quoi] s’ajoutent les hausses décidées par les départements, encore plus élevées [+ 6,2 % en moyenne], et celles votées par les régions au titre de l’impôt foncier [0,7 %] ».
C’est la ville de Paris qui décroche la palme, avec les plus fortes augmentations de taxe foncière (+ 47 %) et de taxe professionnelle (+ 7,9 %). En ce qui concerne la taxe d’habitation des Parisiens, elle est en seconde position, avec + 11,7 %.
Vient ensuite la ville de Nice, qui a augmenté sa taxe d’habitation de 17,7 % et sa taxe foncière de 16,5 %.
Ironie du sort : la municipalité de Nice multiplie depuis quelques semaines les pages de publicités dans la presse, photo du maire, Christian Estrosi, tout sourire, à l’appui. Mais pour rendre une ville attractive, Monsieur Estrosi, il faut baisser les impôts, pas les augmenter !

Des millions comme s’il en pleuvait
Comment ? En diminuant les dépenses superflues, comme il s’en trouve tant dans le budget communication par exemple… Les dépenses faramineuses votées au nom de plans de relance locaux sont la cause de ces augmentations d’impôts.
Ainsi, le conseil général des Alpes-Maritimes circonscription de Nice a voté une augmentation de 15 % des impôts après avoir engagé 400 millions d’euros d’investissements dans 1 450 chantiers. D’autres départements ont fait le choix de la relance.
C’est le cas de l’Essonne, qui a voté 1,3 milliard d’euros d’investissements, les Bouches-du- Rhône, 500 millions, les Yvelines, 430 millions le Rhône, 54 millions… De l’argent comme s’il en pleuvait, qui est investi dans des chantiers dont la justification n’est pas toujours évidente.
En effet, le sens d’un plan de relance, dénonçait Jean- Yves Le Gallou (ancien élu de Paris, fondateur de Polemia) dans le dernier numéro du Cri du contribuable, est en réalité politique et médiatique : « Économiquement, cela ne peut pas changer grand-chose, mais médiatiquement, ça donne l’impression de l’action. Le message à l’opinion est celui-ci : on s’occupe de vous ».
La flambée des impôts locaux révèle au grand jour le mensonge des politiques, qui assuraient que la facture de la relance ne serait pas payée par le contribuable. Il faut désormais s’attendre à la même chose au niveau national…
Les sénateurs sèchent sur la taxe pro
Le Sénat s’est attelé à la réforme des collectivités locales. Pour alimenter leurs réflexions sur le volet fiscal, la Commission des finances a reçu Édouard Balladur. L’une des propositions phares du rapport Balladur est la suppression de la taxe professionnelle, soit 8 milliards d’euros de manque à gagner pour les collectivités locales.
Afin de compenser cette perte, l’ancien Premier ministre serait favorable à augmenter l’imposition foncière des entreprises, et taxer davantage leur valeur ajoutée. Le président de la Commission des Finances, Jean Arthuis, n’est pas d’accord : « Le but de la suppression de la taxe professionnelle est de permettre une diminution des coûts de production des entreprises, et au final une baisse des prix des produits. Ce qui ne devrait entraîner aucun bénéfice supplémentaire, et ne justifie donc pas un impôt sur la valeur ajoutée !
D’autant plus qu’un impôt sur les entreprises est toujours payé par les ménages, c’est une fiction que de dire qu’une partie seulement est payée par les entreprises, et une autre par les ménages ! » Tout à fait juste. La suite logique de cette réflexion aurait été de conclure à la nécessité de diminuer les dépenses des collectivités… Encore un effort, Messieurs les sénateurs ! J. P.