Subprime : marché accusé,
La cause est entendue pour nombre d’observateurs : la crise financière des subprimes est la conséquence de la folie des marchés et montre les limites d’une finance ultralibérale.
Le libéralisme a une fois de plus bon dos, car il n’existe pas de marché plus perverti par les interventions de l’État fédéral que celui du crédit hypothécaire aux États-Unis.
Les deux institutions Fannie Mae (FNMA) et Freddie Mac (FHLMC) portent une lourde responsabilité.
La première d’entre elles fut tout d’abord une agence gouvernementale, créée en 1938, pour émettre des obligations à bas taux du fait de leur garantie fédérale, lesquelles alimentaient de liquidités un marché de prêts immobiliers à taux réduits accessibles aux familles les moins aisées.
En 1968, l’administration Johnson, s’avisant que les engagements de Fannie Mae garantis par l’État prenaient de l’ampleur et obéraient la capacité d’emprunt du Trésor, organisa sa privatisation, puis le gouvernement Nixon créa en 1970 Freddie Mac, afin d’organiser un semblant de concurrence sur ce marché du refinancement du crédit hypothécaire.
Cette histoire a donné à Fannie Mae et Freddie Mac un statut hybride de Governement Sponsored Enterprise (GSE),
privées mais légalement tenues de s’occuper exclusivement de refinancement de prêts immobiliers sous contrôle de l’État fédéral, en contrepartie d’avantages fiscaux.
Pis, bien qu’étant officiellement privés, les deux établissements ont toujours été considérés, du fait de leur tutelle publique et de leur rôle social, comme bénéficiant d’une garantie implicite du Trésor américain !
Bénéfices privatisés, pertes collectivisées : un tel cocktail risquait de pousser les dirigeants des GSE à prendre des risques excessifs, si la tutelle de l’État se montrait défaillante. C’est exactement ce qui allait se passer dans les années 90.
La tutelle de ces deux entreprises fut transférée au département américain du logement (HUD) en 1992, car celui-ci voulait agir sur les prêts financés par les GSE pour satisfaire un objectif majeur de tout politicien qui se respecte outre-Atlantique :
l’augmentation du taux de propriétaires de logement parmi les populations à faible revenu, et notamment les minorités.
Aussi le HUD a-t-il obligé Fannie Mae et Freddie Mac à augmenter tant le volume que la proportion de crédits subprime.
Aussi Fannie Mae et Freddie Mac ont refinancé, à l’aide de produits obligataires de plus en plus complexes, plus de 5 000 milliards de dollars de crédits, soit 40 % des prêts immobiliers américains, dont plus de la moitié de crédits subprime, alors qu’elles ne disposaient pas de fonds propres permettant de s’engager sur de tels montants.
Aujourd’hui, nombre d’experts estiment que sans ces incitations artificielles l’accès à la propriété des minorités se serait tout de même développé, moins rapidement mais plus sainement.
En voulant accélérer artificiellement ce que l’économie libre accomplissait à son rythme, c’est l’État, tantôt régulateur, tantôt législateur, qui a poussé à l’irresponsabilité les acteurs de la chaîne du crédit, provoqué une crise financière grave, et acculé à la faillite nombre de familles qu’il prétendait aider.
président de l’Institut Hayek de Bruxelles