Le libre journal des contribuables du 13 mai 2008
Florilège des propos tenus le mardi 13 mai, sur Radio Courtoise, sous la houlette de Benoîte Taffin
Jean-Thomas Lesueur, délégué général de l’institut Thomas More
Le bilan de la première année Sarkozy ?
Beaucoup d’actions, beaucoup de mesures, mais aussi une certaine déception.
Nous avons pointé trois manques graves : manque de lisibilité de l’action, manque de méthode, manque de vision. On passe d’un sujet à l’autre sans approfondir. Par ailleurs, ce qui frappe est l’absence de préparation des équipes qui arrivent au pouvoir il y a un an.
D’où le recours systématique aux commissions (Attali, Grenelle…).
Pour être précis, nous avons établi un baromètre des mesures prises, comparées à l’aune des 490 promesses du candidat Sarkozy. Nous en avons extrait 60.
Beaucoup de mesures ont été prises. Pourtant la rupture promise n’a pas eu lieu. Les Français sont donc déçus. Je crois que le programme était insuffisant. Exemple :
la question du pouvoir d’achat. La loi Tepa, publiée en septembre, contient l’essentiel des promesses en la matière. Sans résultats. Si bien qu’on a été obligé de bricoler la loi Chatel, puis d’augmenter en catastrophe les petites retraites et l’allocation pour handicapés.
Christian Saint-Étienne, auteur de « La France est-elle en faillite ? » (Bourin éditeur)
La France connaît une croissance de 1,7 % par an. Un point en dessous de son potentiel. Un point nécessaire pour redresser notre économie et retrouver le million d’emplois qui nous manque. Cela passe par un développement massif des PME. Comment ?
La réforme de la fiscalité est une nécessité absolue, à l’exemple de ce qui s’est passé en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou dans les pays d’Europe centrale.
Le taux de l’impôt sur les sociétés est à 33 %, les autres pays sont à 15 ou 20 %. La taxe professionnelle pèse de tout son poids. Le principe de la réforme ?
Supprimer les niches, en abaissant les taux et en élargissant les bases.
La réforme des retraites non plus, n’a pas été faite. La réforme de l’Éducation ? Darcos a commencé à l’engager, mais certains professeurs la refusent, en se servant de leurs élèves comme chair à canon !
L’année 2008-2009 sera décisive.
Chantal Delsol, auteur de « Liquider Mai 68 ? » (Presses de la Renaissance)
Mai 68 est surtout une crise de l’autorité. Il faut la replacer dans son contexte historique, qui est l’autonomie de plus en plus affirmée de la personne en Occident.
Pour éviter cette crise, il aurait fallu que l’autorité notamment des pères de famille, soit davantage une autorité de témoignage que de l’autoritarisme strict.
« Tu dois faire ça parce que je suis ton père et parce que je te le dis ».
On ne pouvait plus tenir ce genre de discours ! Il faut plutôt dire : « Tu dois faire ça parce qu’il y a des raisons pour le faire, et aussi parce moi je le fais ».
Cette autorité de témoignage n’existait pas encore. Je regrette qu’on ait eu besoin de cette crise pour avancer, mais il faut croire que l’on ne pouvait pas avancer autrement.
Pourquoi l’absence de réaction des autorités ? Je crois qu’elles se rendaient compte qu’il n’était plus possible de continuer comme autrefois.
L’autorité s’exerçait d’autant moins dans les familles que, pour la première fois, de nombreux enfants étaient plus cultivés que leurs parents.
Alain Dumait président fondateur de Contribuables Associés
Associés Avec quelques amis, nous avons empêché la tenue d’un examen, à Sciences Po.
Nous ne pouvions plus supporter le fonctionnement de cette école, où l’on apprenait à singer le conseil des ministres, à faire ce que l’on attendait de nous, et cela nous semblait du dernier grotesque !
Ce qui m’a frappé, à l’époque, c’est la non-réaction des titulaires de l’autorité, comme de celle des étudiants non-grévistes.
On constatait, du reste, la même absence de réaction dans les familles et au sommet de l’État. C’était extraordinaire !
Jean-Louis Caccomo, économiste
Je vais avoir 45 ans et j’ai l’impression de vivre sous une chape de plomb. Mes professeurs m’ont appris à penser comme en Mai 68, il fallait apprendre l’économie selon les critères de 68. Pour moi, l’anniversaire de 68, c’est l’expression d’un ras-le-bol !
Je me souviens que mon père, émigré sicilien, ne comprenait rien à ce mouvement. Pour lui c’était des petits-bourgeois.
Voir des gens qui avaient la chance d’être à la fac et qui élevaient des barricades, c’était un gâchis !
Voir aussi :