La complémentaire santé obligatoire, un nouvel impôt qui ne dit pas son nom
Au commencement était la Sécu. Bien sûr, c’était il y a 70 ans à peine, mais à en croire Michèle Delaunay, c’est alors que l’Histoire a commencé. La Sécurité sociale était censée garantir à tous une couverture universelle des soins. On parlait même de « gratuité », même si, évidemment, cette « gratuité » coûtait cher : progressivement, on est arrivé à plus de la moitié du salaire en cotisations salariales et charges patronales, pour financer le système de santé ainsi que les retraites, l’assurance-chômage, la politique familiale, etc.
On s’apprêtait alors à vivre une « tragédie des biens communs » : tout le monde finançant l’assurance-maladie, et chacun pensant que celle-ci était « gratuite », la tentation était grande de surconsommer soins et médicaments, au plus grand bonheur des vrais-faux fonctionnaires que sont les médecins et les pharmaciens. Et au plus grand bénéfice de l’État thérapeutique qui faisait de chaque assujetti social un malade en sursis, qu’il fallait soigner coûte que coûte quitte à le transformer en hypocondriaque.
Un tel système ne pouvait manquer d’être inflationniste et, malgré l’augmentation continue des prélèvements « sociaux », déficitaire. Apparut alors un trou. Le fameux « trou de la Sécu ». Quand un trou se forme, sur la voirie par exemple, un ingénieur se pose la question de savoir pourquoi il s’est formé. Et une fois la réponse trouvée, d’agir à la racine du problème. Pour la Sécu, cela aurait impliqué une réforme faisant comprendre à tous le coût sur les bulletins de salaire du système de santé, et aussi celui des soins et médicaments, en ne pratiquant pas le tiers-payant déresponsabilisant, mais en laissant les assurés « sociaux » payer leurs soins avant de se les faire rembourser.
Ce n’est pas la stratégie qui fut choisie par le gouvernement. Plutôt que de résoudre le problème à la source, il décida de combler le trou au moyen d’une rustine, la Contribution sociale généralisée, plus connue sous l’acronyme CSG. De 1,1 % du salaire brut à sa création en 1990, elle est passée à 2,4 % en 1993, 3,4 % en 1997 puis 7,5 % en 1998. Une augmentation de 581 % en huit ans ! Et pour cause : le trou ne cessait de s’élargir. En 1996, une autre rustine, un peu moins connue, était apposée au trou, la Contribution pour le remboursement de la dette sociale, ou CRDS, s’élevant à 0,5 % du salaire brut. En somme, 8 % du salaire brut sont consacrés à tenter d’éviter que le déficit, et donc la dette de la Sécu, s’aggravent encore.
Et cela a-t-il fonctionné ? Non, les déficits ont continué à prospérer, portant en 2013 la dette de la Sécu à plus de 130 milliards d’euros.
L’inefficacité des rustines a conduit le gouvernement à décider le déremboursement d’un nombre croissant de soins et médicaments, pour le plus grand bonheur d’un autre secteur de vrais-faux fonctionnaires, les complémentaires santé, plus connues sous le nom de mutuelles. Celles-ci, au moyen d’un coût supplémentaire pour les salariés et leurs employeurs, ont pris le relais de la Sécu dans de plus en plus de remboursements. À tel point qu’il est devenu problématique pour les 4 millions de salariés non-couverts par une mutuelle de continuer à se soigner.
La nouvelle trouvaille du gouvernement est d’obliger les employeurs à fournir une complémentaire santé à leurs salariés, à partir de 2016. Quand l’État oblige un acteur économique à payer, cela s’appelle un impôt. Et c’est en effet bien d’un impôt qu’il s’agit ici, puisqu’il est la conséquence du caractère structurellement déficitaire de la Sécurité sociale.
On pourrait se dire que « cette fois-ci, c’est la bonne », mais les expériences passées laissent penser que le trou de la Sécu va continuer à s’élargir, que les prélèvements « sociaux » vont continuer d’augmenter, tandis que les prestations, elles, se réduiront comme peau de chagrin. Et donc que le coût des complémentaires santé continuera lui aussi de monter. La question est : jusqu’à quand ? Jusqu’à quand les gouvernements successifs, toutes tendances confondues, continueront-ils de tenter de renflouer le Titanic ? Quand les mesures alternatives seront-elles mises en œuvre ?
S’il est impossible aujourd’hui de répondre à cette question avec précision, on sait en tout cas que cela ne se produira que quand tous les Français, gouvernés comme gouvernants, seront conscients du coût du système de santé, et donc de la nécessité de revenir à la sobriété en matière de consommation de soins et médicaments. C’est, entre autres missions, la tâche que s’est fixée Contribuables Associés. Merci de nous aider à y parvenir en nous soutenant. Ça se passe en cliquant ici.
Merci pour cet article qui explique clairement la problematique de la « stabilité économique » du systeme de santé français. J’attire votre attention sur les vrais-faux fonctionnaires médecins et pharmaciens et plus generalement professionnels de santé. Une recherche rapide vous demontrera que les revenus et tarifs de consultations et autres actes de soins sont actuellement les moins chers d’Europe, Gréce incluse.
https://www.youtube.com/watch?v=6Uh8vYTKVUg
Penser à prendre en consideration: le cout de fonctionnement de la SS avec ces 85000 salariers, mais aussi des RSI, URSSAF et autres organismes dont les comptes ne sont jamais validées depuis des années, ces bugets détournés pour le « social », « syndicats ». Parce que si les cotisations sociales sont les plus cheres du Monde, les tarifs de soins sont les moins chers de tous les pays de l’OCDE.
Ou va l’Argent? certainement pas dans le SOIN.
C’est vrai certains acteurs sont peu payés, mais ils sont rares: nos pharmacies sont belles, nos boutiques de lunettes aussi, les audio prothésistes pullulent ,les laboratoires deviennent boutiques de luxe,… Alors qu’en penser? Que le système est mal géré ,c’est évident. Mais ce ne sont pas les malades qui sont choyés, mais le service public, c’est à dire les salariés de l’état, et tant pis pour les médecins de base assis entre deux chaises, ni fonctionnaires ni privés.
Les acteurs du soins, qu’ils soient publiques ou privés sont tous sans exception peu payés, si ce n’est les administratifs hospitaliers, qui ne soignent pas et vivent largement sur la bête. Les pharmacies sont belles lorsque le rayon parapharmacie est proéminent. Les laboratoires ne sont qu’en amont du soin sur un marché global qui n’a rien à voir avec les soins français actuels. Je partage totalement votre point de vu, pour de telles sommes cotisées, les patients devraient être choyés en 4étoiles, ne devraient avoir aucun reste à charge et les soignants honorés au niveau de leur équivalents européens. Ce n’est pas le cas, c’est evident. Il ne s’agit plus d’une mauvaise gestion mais d’un detournement affirmé de sommes faramineuses pour un capitalisme de connivence. cette collecte sur le dos des patients et des soignants français permet aux organismes de la mutualité française de racheter de la dette française sur le marché obligataire. Les collectes du RSI pour exemple vont en grande partie dans les caisses d’harmonie mutuelle. La connivence mutualité française/Bercy est un secret de polichinelle. Savez vous que les mutuelles dependent non pas du ministere de la santé mais bien de Bercy, que mr caniard, president de la mutualité française, n’est autre qu’un ancien du service des impôts de Bercy. Toutes ces entreprises mutualistes dont la comptabilité reste opaque se retrouvent, c’est un hazard, comme principales institutions qui achetent de la dette française. Si vous n’aviez pas compris pourquoi les taux français restent anormalement bas, pour une activité économique exsangues, voilà révélé un des maillons de la chaine de notre esclavage. Vous comprendrez maintenant pourquoi la loi Santé de MST est vitale à faire passer même à frottement dur…
N’oubliez pas les salaires des fonctions de tête de notre monstre étatique, clairement hydrocéphale: beaucoup d’argent disparaît avant d’atteindre les acteurs de terrain.
J’ai plus de mal à vous suivre sur le discours anticapitaliste, car la MGEN par exemple ne fait pas mieux que ses camarades privées. Sans parler de la mutuelle des étudiants!!
Les Camarades privées de la MGEN ne sont guères plus capitaliste qu’elle. Il s’agit d’un capitalisme de connivence qui n’existe que par la tutelle de l’état et sa coercition. Nous sommes bien loin d’un système capitaliste concurrentiel, avec les avancées technologiques et le gain de productivité que cela incombe. La grande majorité des grands vaisseaux capitalistiques (type CA40) de ce pays ne doivent leur salut que par le marché captif national qui leur a permis pour des tarifs non concurentiels locaux exorbitant de venir jouer les concurrents sur le marché mondial. Nous sortons du sujet mais soyez assurés de mon attachement à un système liberal et capitaliste mais certainement pas à un système oligarchique et capitalistique de connivence.
Je ne comprends toujours pas. La mutuelle des industries de l’énergie gérée par la CGT dans le même pot commun que le budget du syndicat, a toujours dépensé plus que les cotisations reçues, avec la bénédiction des politiques, mais sans accumulation de capital, contrairement au syndicat. Connivence oui, mais pour vivre sur la bête en très grand nombre.
Vous avez donc tout compris.
Ok, mais de capital il n’y a pas, tout est gâché en salaires , restaurants et autres gâteries plus personnelles!