Les «mesures d’urgence» de l’UMP : insuffisantes pour «redresser la France»
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Par Alain Mathieu, président d’honneur de Contribuables Associés
La mesure la plus importante est la baisse des dépenses publiques, chiffrée à 130 milliards d’euros sur cinq ans, ramenant leur part à 50 % du PIB.
Une moitié des économies porterait sur l’Etat et l’autre moitié sur la Sécurité Sociale et les collectivités locales.
Une moitié, soit 65 milliards d’euros, serait affectée à des baisses d’impôts, l’autre au remboursement de la dette.
Mais d’où sortent tous ces chiffres ? Aucune justification n’en est donnée. L’UMP a seulement indiqué en préambule de sa liste que les prélèvements obligatoires sont en France de 46,5 % du PIB et en Allemagne de 37,6 %, soit un supplément de prélèvements de 180 milliards d’euros pour les Français, ménages et entreprises. La comparaison avec l’Allemagne est bienvenue, puisque ce pays est de loin notre premier concurrent sur les marchés mondiaux. Mais le chiffre le plus pertinent serait celui de la différence de prélèvements sur les entreprises : 120 milliards d’euros.
Si l’on veut que nos entreprises ne partent pas avec un boulet aux pieds dans leur course avec les allemandes, c’est l’objectif de réduction de baisses de charges sur les entreprises qu’il faudrait se fixer. Et pas sur cinq ans. Tous les pays qui ont réussi leur redressement l’ont fait en trois ans maximum, et non en cinq. Avec 65 milliards d’euros de baisses d’impôts en cinq ans pour les ménages et les entreprises, l’UMP est donc très loin du compte. De plus, aucun détail n’est donné sur les 130 milliards d’euros d’économies prévues, ni sur leur délai de réalisation. La mesure principale n’est donc ni suffisante ni crédible.
Une autre mesure importante est la fin des 35 heures. En ce qui concerne les fonctionnaires, elle devra se faire par « une augmentation négociée » des heures travaillées. Que signifie cette expression ? Qu’il faudra obtenir l’accord des syndicats de fonctionnaires? Qu’il y aura des augmentations de salaires ? Des délais longs ? Si les dirigeants de l’UMP craignaient moins les syndicats de fonctionnaires, ils auraient été plus précis : par exemple, retour aux 39 heures dans la fonction publique à raison d’une heure par an, sans augmentation de salaires. Leur flou politique cache une faible détermination.
On retrouve cette faiblesse congénitale de l’UMP vis-à-vis des syndicats de fonctionnaires dans la pseudo-suppression du statut de la fonction publique : « pour les nouveaux entrants, possibilité de choisir la voie contractuelle ». Là, l’UMP se fiche carrément de ses électeurs : ceux-ci ne veulent pas que l’on donne un droit supplémentaire aux fonctionnaires, mais que l’on aligne leur statut, au moins pour ceux qui ne sont ni militaires ni magistrats, sur celui du privé.
De même « uniformiser tous les régimes de retraite » est une mesure importante, mais l’absence de détail précis, notamment sur les délais, lui enlève sa crédibilité. On voit bien que la direction de l’UMP, composée à 95 % d’anciens fonctionnaires, cherche toujours à préserver les privilèges des agents publics.
Le bonus-malus sur les subventions de l’Etat aux collectivités locales « en fonction de la qualité de la gestion » de chacune mériterait d’être précisé. Qui évaluera cette qualité de gestion ? Selon quel critère ? Un critère simple serait le niveau des dépenses totales par habitant. Mais ce critère simple et opérationnel ferait des mécontents, et l’UMP préfère rester dans le flou.
Plafonner les « revenus de la solidarité et des droits annexes » à 75 % du SMIC est une mesure très populaire, d’ailleurs prise par les Anglais. Encore faudrait-il préciser ce qu’elle recouvre : les allocations familiales ? Les nombreux avantages aux chômeurs attribués par les communes ? La réduction de loyer correspondant à l’attribution d’un HLM ? Si l’on ne prend qu’une petite partie des allocations et prestations sociales, la mesure perd son intérêt.
« Enlever de l’assiette de l’ISF ce qui pénalise l’épargne productive » est une formule vague. Les placements en actions seront-ils exonérés ? Bien que ce soit de l’épargne productive, c’est peu probable. L’UMP croit encore qu’elle a perdu les élections de 1988 parce qu’elle avait supprimé en 1986 le précédent ISF, alors que la vraie raison de son échec était l’insuffisance de son candidat. Elle ne veut donc toujours pas supprimer cet impôt imbécile. C’est une faiblesse grave de ce programme.
La « cession de 5 % du parc de logements sociaux » est une mesure dérisoire, déjà promise en 2007 et pas réalisée. Les Allemands ont vendu plus de la moitié de leurs HLM en quelques années. Mais nos politiciens tiennent à garder les sucettes qui leur permettent de récompenser les militants qui les aident dans leurs campagnes.
Augmenter le quota d’apprentis dans les grandes entreprises, sous menace de sanctions, est une pénalisation supplémentaire pour ces entreprises. On voit bien qu’il n’y a pas un seul chef d’entreprise parmi les dirigeants de l’UMP.
D’autres mesures proposées ne font que revenir sur des mesures prises quand l’UMP était au pouvoir, et annulées par le gouvernement socialiste : un jour de carence pour les fonctionnaires malades (pourquoi pas trois comme dans le secteur privé ?) ; la suppression de la compétence générale pour les départements et régions (pourquoi ne pas bien définir les compétences de chaque niveau pour éviter les doublons et étendre aux communes et à l’Etat la suppression de la compétence générale ?) ; le rétablissement du prélèvement forfaitaire libératoire sur les revenus du capital est une bonne mesure, mais il faudrait préciser le taux de ce prélèvement.
D’autres mesures proposées seraient utiles pour redresser la France, comme le doublement des seuils dans les PME, la dégressivité des indemnités de chômage, le contrat de travail unique, la suspension des allocations familiales aux familles de jeunes de 16 à 18 ans sans travail ni formation.
Mais elles sont relativement secondaires par rapport aux mesures trop floues, insuffisantes et peu crédibles, concernant les dépenses publiques. Le « syndrome Juppé », c’est-à-dire la crainte des manifestations organisées par les syndicats du secteur public, hante toujours les dirigeants de l’UMP. C’est pour cela qu’il n’est pas question dans leur programme des effectifs et des rémunérations du secteur public, ni de la moindre privatisation.
Contrairement à ce qu’elle veut démontrer, l’UMP n’est donc pas encore prête pour redresser la France.
D’accord avec l’analyse point à point des dires de l’UMP, mais ce qui me frappe le plus est le manque d’imagination: on ressort les vieilles rengaines (supprimer les 35 h,..), comme si toute capacité de réflexion était perdue à jamais.
Et puis ont -ils fait ce qu’ils promettaient en 2007 pour être élus? Non. Ils avaient même consultés leurs adhérents pour obtenir une liste d’actions claires ,comme interdire le cumul des statuts de fonctionnaire et d’élu, liste » perdue » victime d’un bug informatique!!
Clientélisme, clientélismus et omnia clientlisme.
On voit là tous les effets pervers de la politique clientéliste. Et la droite et la gauche de gouvernement sont tout aussi coupables en la matière.
Avec des slogans politiquement corrects du style -ne pas opposer les français les uns aux autres-, avec la politique des compensations tous azimuts (exemple le jour de carence supprimé pour les fonctionnaires) c’est sûr qu’on ménage tout le monde et qu’on n’avance guère.
Si il y a une chose qui avance avec ce comportement ; ce sont nos dettes. Nos dettes qui permettent de contenter tous le monde et de financer cette politique à la Pyrrhus.
Sur le dos des générations futures qui, elles, ne peuvent pas dire et clamer : stop, arrêtez de nous charger. Stop ça n’est pas à nous de payer vos petits arrangements entre gens qui n’osent pas de dire les choses et qui ménagent leurs copains.
Si on pouvait introduire dans les débats publics la voix et le poids des spermatozoïdes en puissance, générateurs des enfants de demain, nul doute qu’on ferait bien plus gaffe à qu’on dit sur la relativité de notre dette publique.
Avec le principal intéressé en face on fait en général plus attention à ce qu’on dit.
C’est comme pour les emplois à la plombier polonais (emplois étrangers de concurrence déloyale), imaginez que demain on puisse embaucher en France des fonctionnaires aux conditions des fonctionnaires polonais ou roumains, oui mieux encore, bangladais ou chinois (pourquoi pas, comme pour avec nos chaussette ou nos télés). Là je ne donne pas 2 ans avant la fermeture draconienne des frontières aux travailleurs détachés.
Et puis de la politique des copains, il arrive aussi qu’on passe à politique des coquins.
Ce programme dénote l’irresponsabilité des partis politiques.
Je ne vois pas comment ce parti pourrait appliquer seul ces mesures, un tel programme de choc ne peut être mis en œuvre sans un consentement national et donc un gouvernement de coalition.
De plus, la période dans laquelle nous sommes, avec un matraquage fiscal et donc un appauvrissement du plus grand nombre ne se prête surement pas à une prise de mesures décidées par ordonnances comme le propose l’UMP, ordonnances qui sont la négation de la démocratie.
Si je prends la seule proposition sur les retraites : retraite à 65 ans en 2023 cela signifierait qu’entre 2017 et 2023 il y aurait 1 an de plus à travailler tous les 2 ans cela après 3 réformes des retraites en moins de 10 ans. C’est du grand n’importe quoi !!!
Idem pour les 35 heures, on fait quoi, on supprime les 30 jours et plus de RTT aux salariés d’EDF.
C’est affligeant de voir un parti, qui à d’ailleurs gouverné pendant 10 ans sans mettre en œuvre aucune réforme structurelle, annoncé un tel programme.
oui il faut réformer la France en profondeur mais il faut un minimum de consentement national et un agenda réaliste.
Les politiques de tous bords n’ont toujours pas compris qu’en France on ne réformait pas à la hussarde et que si au lieu d’effets d’annonces pour faire le buzz ils avaient du courage politique la plupart des mesures proposées par l’UMP seraient déjà mises en œuvre depuis longtemps et oui la retraite serait à 65 ans en 2025 !!!
Je rappelle que le livre blanc de Roccard sur les retraites date de 1990-1991
Dans le même ordre d’idées voici un article paru dans l’Observatoire du mensonge :
http://observatoiredumensonge.com/2013/12/23/ce-que-la-droite-na-jamais-compris/
Je lis vos réactions; mais qu’est-ce que gouverner? C’est obtenir des services de l’état le meilleur possible, et non pas donner des ordres, signer des ordonnances et décrets (même s’il en faut pour reformer des structures qui datent de 1950 au moins!)
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On dit par exemple du bien du ministre de l’intérieur, comme un certain Sarkosy avait aussi à ce poste suscité des espoirs. Mais le moral des troupes de policiers et gens d’armes est-il bon,ont-ils retrouvé du plaisir à aller chaque jour au travail,ont-ils de nouveau le sens de l’intérêt national chevillé au corps, sont-ils dans la paperasse où sur le terrain,…?C’est d’abord cela qu’il faut faire, et qui ne se fait pas.
Ce programme ne va pas assez loin comme le souligne l’auteur car des grandes lignes mais pas détail. Comme il le précise pourquoi encore protéger la fonction publique ? L’UMP a peur des syndicats ? Je ne peux pas voter pour ce parti car ce programme est incomplet et ne va pas au fond du problème. Rapport de la Cour des Comptes 2009 un fonctionnaire coute en moyenne toute sa vie 3.5 millions d’euros npus en avons plus de cinq millions plus les agents des entreprises publiques ça suffit. Donc ce pseudo programme de réforme correspond tout à fait à un programme de socialistes de droite rien de nouveau. Ça fait quarante ans que nous subissons ce type de programme aussi bien par la droite que par la gauche résultat 2000 milliards d’euros de dette ! De toute façon programme ou pas nos créanciers nous imposeront un vrai programme de réduction budgétaire et la variable de non ajustement cher à Hollande va en prendre un sacré coup.